Un jour en Syrie : voyage vers le néant
(regard personnel d'un photographe sur une journée passée en Syrie, durant la guerre civile)
© Vincent Lecomte / Agence Gamma
© Vincent Lecomte / Agence Gamma
La route vers la Syrie est longue et poussiéreuse. A l’approche de la frontière, les rues se vident et les contrôles policiers et militaires se multiplient. Il règne une atmosphère empreinte de peur et de violence sourde. Quelques camions de marchandises circulent encore sur des routes constellées de nids de poule. De part et d'autre de l'avenue, sur les terrains vagues, les tentes de réfugiés, toutes plus misérables les unes que les autres, sont de plus en plus nombreuses. Les murs des immeubles portent des stigmates du conflit.
Plus je m'approche de la frontière, plus les cabanes de syriens sont nombreuses, avec, à l'intérieur, des grappes de femmes et d'enfants aux regards songeurs, à l'instar de cette fillette de 10 ans prénommée Kaouthar. Mutique, silencieuse, ses parents me font comprendre avec un signe de la main ( un doigt en travers des lèvres... ) qu'elle ne parle pas beaucoup...
Le poste frontière est vétuste et dévasté, mais il fonctionne encore. Des guérites se succèdent, certaines désertées, d'autres remplies de militaires libanais ou syriens. Des carcasses de voitures calcinées ornent le bord des routes. La confusion la plus totale règne. Il y a des militaires et des policiers partout. Tout le monde est sur les nerfs. La veille de mon passage, un attentat terroriste a fait 120 victimes dans la capitale syrienne, à Damas. Les coffres des véhicules sont fouillés méticuleusement. Après quelques discussions informelles, on m'emmène dans un bureau décoré d'un immense portrait de Bashar el-Assad. Un officiel en costume vert sombre décoré d'étoiles semble surpris de me voir, et discute avec intérêt. De manière informelle, on me délivre un visa temporaire pour passer en territoire syrien. Je dois laisser ma voiture de location à la frontière et embarquer dans la voiture d'une famille de syriens qui se rendent à Beyrouth, de retour du Liban. Je suis assez surpris qu'on me laisse passer aussi facilement.
Durant l'attente à la frontière, je remarque cette scène : derrière la frontière libano-syrienne, protégée par des clôtures barbelées, les réfugiés attendent. Ils ont fui la guerre et les bombardements, pour se retrouver là, coincés derrière une frontière qu'on ne veut par leur ouvrir. Sur cette image, une femme regarde vers le Liban, dont les collines enneigées s'élèvent derrière la clôture. La femme se situe en territoire syrien, de même que le photographe.
Sur les images ci-dessous, des réfugiés attendent derrière des poubelles, pour certains depuis plusieurs jours. Ils espèrent qu'on leur ouvre enfin la grille et qu'on les autorise à rejoindre des camps de réfugiés informels au Liban où certains ont déjà de la famille.
Théoriquement, la convention de Genève garantit aux populations fuyant la guerre le droit d'être accueillies sans condition dans les pays étrangers. Hélas, la réalité est toute autre : Liban a fermé arbitrairement ses portes aux syriens depuis le début de l'année 2015.
Ces images prouvent que le Liban viole délibérément les conventions internationales relatives au droit des réfugiés. Pour réaliser ces photographies, j'ai dû me camoufler à l'arrière d'une voiture, utiliser un téléobjectif, et au retour cacher mes cartes mémoires dans de la mie de pain. A ma sortie de Syrie, j'ai subi un interrogatoire poussé et une fouille de mes bagages, un examen de mon appareil photographique, de mes cartes mémoires et de mon téléphone : telle est la situation du photographe dans cette zone, il doit savoir qu'il n'est pas le bienvenu, et agir avec précaution... La "liberté de la presse" n'existe pas ni en Syrie, ni à la frontière libano-syrienne...
Quatre femmes syriennes, dont l'une porte un enfant en bas âge, s'avancent vers le poste frontière pour demander leur passage vers le Liban ( en arrière plan ). Elles seront refoulées sans explication par un militaire libanais, avec violence. Telle est la réalité quotidienne des syriens : ils sont priés de retourner mourir chez eux, sous les bombes du régime, ou lors des attaques quasi quotidiennes de l’État Islamique. pourtant, la convention de Genève est claire : les réfugiés de guerre ont le droit d'asile. ce droit leur est actuellement refusé par l'État libanais qui ne reconnaît pas officiellement le statut de "réfugié" et parle de "personnes déplacées", ce qui prive de fait les enfants de ces familles d'un accès durable à l'éducation.
Le Liban est déjà submergé par plus d'un million de réfugiés et le gouvernement ne veut plus, pour des raisons sociales, géopolitiques et économiques, accueillir de nouveaux réfugiés. Ainsi, la frontière est fermée aux réfugiés qui fuient les combats. Peut-être que la situation serait différente si l'Europe avait davantage ouvert ses portes aux familles syriennes. A ce jour, seuls 5000 syriens ont été accueillis en France, sur les quelques 5 millions d'exilés qui ont du fuir leur pays. La majorité d'entre eux sont bloqués en Turquie, au Liban, et en Jordanie, dans des conditions précaires. L'Europe est-elle encore une terre d'asile ? C'est pourtant ce que veut croire l'un des réfugiés interrogé, qui m'assure vouloir "rejoindre l'Allemagne" pour "intégrer une équipe de football"...
Un peu plus loin, à un autre poste frontière, un réfugié syrien attend lui aussi de pouvoir quitter son pays en guerre. J'ai pu brièvement discuter avec lui avant de me faire chasser par un officiel libanais. Cet homme coincé à la frontière a perdu sa jambe, et une partie de sa famille, lors d'un bombardement sur Alep. Il espère se réfugier dans les camps de l'Akkar, cette région vallonnée et verdoyante du nord du Liban. Mais la frontière est férocement gardée. Sur un rocher au bord de l'eau, j'ai pu discuter avec un militaire libanais installé sur la plage. Il est chargé de veiller, fusil en main, à ce que les syriens ne tentent pas de franchir la frontière en nageant : << Oui, cela arrive quelque fois. Mais ils ne vont pas bien loin... >> me confie-t-il sommairement en anglais, affichant un sourire en coin...
En s'avançant peu à peu en territoire syrien, la même scène se répète : des grappes de réfugiés hagards marchent indéfiniment le long des routes, comme ce groupe de femmes et d'enfants hâtivement photographié à travers la vitre de la voiture où je me suis caché ( les photographies sont en principe strictement interdites par le régime dans cette zone ). Ils transportent quelques affaires dans des sacs plastique ou dans des baluchons. Certains ont parcouru plusieurs centaines de kilomètres à pieds. Passeront-ils au Liban ? Nul ne le sait. Que sont-ils devenus ? Nul ne le sait.
Depuis mars 2011, date du début de la guerre civile, les syriens fuient les offensives militaires conduites par l'armée du régime et de ses alliés. Ils fuient les lâchers de barils d'explosifs, les gazages chimiques et les exactions des milices chargées d'éradiquer les familles de "rebelles", femmes et enfants compris, tout ceci ayant été documentés et filmé par des syriens dont certains ont ensuite été exécutés sommairement pour avoir diffusé ces images.
Les syriens fuient aussi les exactions de l'Etat Islamique dans le nord-est du pays. Plus d'un million de réfugiés syriens s'entassent aujourd'hui au Liban dans des cabanes en bois et carton recouvertes de toiles blanches fournies par l'UNHCR (Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU). Mais les syriens ne sont pas forcément les bienvenus. Le Liban refuse toujours de leur octroyer un statut de réfugiés de guerre, et parle simplement de "personnes déplacées". Les syriens subissent le racket de la police, les insultes et les vols. Leurs enfants sont exploités par des compagnies agricoles peu scrupuleuses, et ne vont majoritairement pas à l'école.
Sur les bâtiments, le portrait du "leader" en tenue militaire s'affiche en grand format. Bachar el-Assad vous salue. Bienvenue en Syrie. Celui qui a succédé à son père en juin 2000, suscitant au début les espoirs de la communauté internationale, est désormais responsable de la guerre civile la plus meurtrière de l'histoire récente, et de l'un des conflits les plus cruels envers les civils, qui sont sans relâche ciblés par les autorités, dont le programme de bombardement ciblé des hôpitaux, des écoles et des crèches en zone "rebelle" a été dénoncé par la communauté internationale, sans effet.
Partout, des affiches pro-régime se déploient, sous le regard de la population qui n'a d'autre choix que de continuer à vivre "ordinairement". Plus de 5 millions de syriens ont quitté leur pays, mais la majorité des syriens sont contraints de demeurer en Syrie, où le commerce et autres activités économiques perdurent tant bien que mal en temps de guerre. Sauf dans les zones particulièrement dévastées comme Homs et Alep, les marchés aux fruits et légumes se tiennent ( presque ) quotidiennement et les agriculteurs vont aux champs. En Syrie, pour ceux qui ne peuvent pas fuir ( qui ne le veulent pas ou n'en n'ont pas les moyens ) la vie continue. Mais partout les pénuries se font sentir, et les familles enterrent leurs morts jour après jour. Les légumes se font rares et la malnutrition frappe une proportion inédite d'enfants syriens.
Des collines caniculaires, des villages perchés et des mosquées étincelantes posées dans des champs verdoyants : ce paysage typique de la plaine syrienne ferait presque oublier la guerre. Un pays coupé en mille morceaux où un semblant de paix semble régner ce jour là, jour de ma courte visite entre deux reportages dans les camps de réfugiés au Liban. De temps en temps, un avion de chasse fend le ciel à grand fracas, faisant s'envoler des myriades oiseaux dans les champs. Dans le lointain, le chant du muezzin tombe depuis le minaret d'une mosquée de village.
D'une cabane confectionnée en vieux tissus multicolores, surgit une famille de syriens étonnés :
Sous le ciel gris et lourd, entre des bâtiments délabrés, vivent les Syriens, aux vêtements colorés et aux sourires vifs. L'étranger que je suis est accueilli avec une certaine stupéfaction, mais, passée la surprise, les éclats de rire fusent rapidement dans leurs campements anarchiques établis en bord de route, dans les friches et les terrains vagues. Alors, ils m'invitent à boire du thé noir très sucré dans leur tente, et me narrent leurs histoires tragiques ( merci à ceux qui les ont publiées ).
Cette petite ville syrienne perchée sur cette colline survit malgré le blocus. Aux abords de la région de Homs, j'ai été frappé par la noirceur du ciel, extrêmement poussiéreux : cinq années de bombardements intensifs ont envoyé dans l'atmosphère d'épaisses concentrations de particules de plâtre et de ciment broyé. C'est toute la Syrie en ruines qui flotte dans le ciel lourd de la vallée de Homs.
Bien plus loin, perdus dans les montagnes libano-syriennes, au niveau de la frontière à l'est de Baalbek, où j'ai pu me faufiler pendant quelques heures, certains réfugiés ont fait le choix de s'installer au milieu de nulle part, dans la rocaille et le broussaille des Monts Liban. Ils évitent ainsi les bombardements urbains mais s'exposent à une grande précarité. Ceux qui ont pu emporter dans leur fuite leurs troupeaux de moutons peuvent néanmoins survivre en autarcie, dans des campements de fortune en bâches et en pneus.
Partout où je suis passé lors de ma brève incursion en Syrie, les réfugiés sont venus à ma rencontre, curieux et anxieux à la fois. Leur curiosité et leur attente sont immenses. Ils viennent aux nouvelles ( où en est la guerre ? quand l'aide arrivera-t-elle ? quand pourrons-nous partir ? pouvez-vous nous aider à aller en Europe ? ) mais leur espérance est de plus en plus limitée.
Cela fait parfois cinq ans qu'ils survivent dans ce désert caillouteux où la température grimpe jusqu'à 40 degrés en été et tombe en dessous de zéro en hiver. Les enfants, qui ne vont pas à l'école, ne savent ni lire ni écrire. Ils grandissent dans une incertitude absolue et dans un climat de grande précarité.
S'ils ne sont pas morts ou invalides, les maris trouvent de petits boulots dans les villes avoisinantes. Plusieurs millions de syriens sont ainsi déplacés à l'intérieur de leur propre pays. Ces camps de réfugiés informels ne sont pas à l'abri de la guerre : le 12 juillet 2016, un camp de fortune proche de la frontière jordanienne, essentiellement habité par des femmes et des enfants, a été délibérément bombardé par plusieurs avions russes. Sans aucune réaction de la part de la communauté internationale. Et, courant 2016, un camp de réfugiés situé au nord du Liban a été incendié, vraisemblablement par la population locale hostile à leur présence.
Une tente de dix mètres sur cinq abrite typiquement une douzaine de réfugiés. Celle-ci a été construite en vieux sacs de jute patiemment cousus les uns aux autres. L'armature est constituée de planches et de tôles récupérées ici où là. De vieux pneus sont posés sur le toit. l'isolation est faite de papiers journaux aglutinés, ou de boîtes à œufs. Il n'y a ni eau courante ni électricité. L'aide humanitaire n'est pas arrivée jusqu'à eux.
Partout où je suis passé, les syriens m'ont invité dans leurs tentes et m'ont offert du thé à la cardamome ou de petits cafés noirs très sucrés. Ils m'ont raconté leurs histoires et montré des photographies de leur famille ou de leurs villages d'origine. Les adolescents ont très souvent voulu "pouvoir un jour m'ajouter sur Facebook" et "venir me voir à Paris". Certains me disaient vouloir "monter en haut des Twin Towers", ( confondant avec la Tour Eiffel, après explication )
Un père de famille me montre, sur son téléphone, la photographie de leur dernière née. Victime d'un bombardement, cette fillette a passé plusieurs jours dans un hôpital d'Alep, il y a deux ans. Elle s'en est sortie, mais depuis, elle ne parle pratiquement plus. "Elle n'a jamais souri depuis l'an dernier", dit-il ( propos traduit par son fils adolescent qui parle anglais ).
Après cet évènement, toute la famille a pris la route pour fuir leur maison dévastée par les bombes. "Please, show this picture in your country, m'a-t-il dit. This is real. This is my girl, my little girl. Why Bachar el-Assad is doing this ? Why ? Just tell me why...".
Entre deux cigarettes fumées nerveusement, une syrienne épouvantée raconte les bombardements sur sa ville. Je suis assis dans sa tente, autour de moi une douzaine de syriens écoutent son récit religieusement. Je prends des notes, ils m'offrent thé sur thé. Les syriens ont un fort besoin de parole. Un bombardement, m'explique-t-on, c'est d'abord bruit sourd, le bruit des réacteurs ou des pâles d'hélicoptère au lointain ; puis c'est un long, très long sifflement, aigu, celui de la chute du baril d'explosifs ; enfin c'est un choc, une explosion terrifiante et un grand nuage de poussière qui "court dans les rues comme du magma".
Un peu plus loin, dans un bâtiment dévasté où je comptais m'abriter du soleil, des enfants apeurés surgissent du chaos dans un décor de guerre. Ma présence incongrue leur fait peur et ils se réfugient à toute allure sur le toit d'où ils m'observent longuement. Depuis combien de temps sont-ils ici ? Pourquoi sont-ils seuls, sans adulte pour les accompagner ? Comment survivent-ils ?
Je ne sais vraiment s'ils ont peur de moi, où s'ils jouent. Au bout d'une dizaine de minutes, ils descendent et font connaissance. Le plus âgé d'entre eux bredouille un anglais sommaire appris à l'école avant le début de la guerre. Ces trois adolescents âgés de 11 à 13 ans s’appellent Walid (littéralement « Cheval Blanc »), Moussa (« Moïse ») et Suleiman. Ils ont fui la ville de Raqqa, une ville qui était alors sous contrôle de l’État Islamique, où les exécutions arbitraires étaient monnaie courante. " They killed people every day, like that " ( il simule de sa main une gorge que l'on tranche ).
Walid fait même une démonstration de son agilité :
Cruelle ironie du sort, ce petit garçon syrien porte le prénom de « Bachar » ( littéralement : « porteur de bonnes nouvelles »). Ses parents l’ont nommé ainsi ainsi en hommage au chef d’état arrivé au pouvoir il y a déjà seize ans. C’est ce même chef d’état, dont le visage est omniprésent sur les murs des maisons, qui est responsable du chaos qui s'est emparé de la ville de Raqqa, où la famille de ce garçonnet a été tuée.
Après une courte conversation, hélas, je dois repartir. Ces enfants se jettent à pleines mains, comme des affamés, sur les quelques aliments que j'ai encore avec mois, des biscuits et du pain libanais. Ils déchirent rageusement les emballages en plastique et enfournent les aliments avec leurs deux mains dans leur bouche. Comme des animaux. Cette scène à jamais restera gravée dans ma mémoire, plus que la vision d'un cadavre d'homme sur le bord de la route principale.
C'est la fin de mon incursion en Syrie. Le chant du muezzin s'élève à nouveau dans airs, un chant pur aux accents mélancoliques. La nuit tombe sur un petit village syrien (ci-dessus), non loin de la frontière libanaise : dans les villages épargnés par les bombardements, la vie ordinaire continue, au rythme des prières traditionnelles. Le soleil se lèvera-t-il un jour sur la Syrie de Bachar ?
En repassant la frontière, le soir, je croise un groupe d'adolescents syriens qui se réchauffent autour d'un feu improvisé à même le bitume. Il n'y a pas de bois dans ce désert mais les syriens brûlent ce qu'ils trouvent : des ordures, des pneus, des cageots et même des chaises en plastique. Ce feu précaire apporte un peu de chaleur dans le néant... Serrés dans leurs parkas trouées, ces jeunes hommes parlent peu, mais d'un geste de la main ils m'invitent auprès d'eux, à passer un moment hors du temps, hors du monde. Il ne parle pas un mot d'anglais, mon arabe est rudimentaire, mais leur hospitalité fait chaud cœur... Leurs yeux, dans lesquels vacillent ces flammes éphémères, sont empreints de la fatigue de l'exil, de la rancœur de de l'attente et de l'expérience de l'injustice.
De retour au Liban, par une route détournée, j'aperçois un camp de réfugiés inhabituel. Dans une grande usine désaffectée, des groupes de femmes et d'enfants s'activent. Je vais à leur rencontre. Ils m'invitent à visiter le souterrain insalubre où ils se sont réfugiés. C'est un ancien entrepôt. Là, sur des nattes poussiéreuses, dans la pénombre d'un souterrain sans fenêtres, survivent à même le sol des dizaines d'enfants aux regards indicibles. Combien de temps encore l'enfance syrienne sera-t-elle plongée dans l'obscurité ?
Pendant ce temps, au Liban, à quelques dizaines de kilomètres de la Syrie en guerre, les stations de ski des Monts Liban tournent à plein régime. Les touristes libanais et occidentaux affluent de Beyrouth, Byblos, Sour ou Tripoli pour fouler la poudreuse. Ne les blâmez pas : leur indifférence est la nôtre.
© Vincent Lecomte / Agence Gamma / Studio Hans Lucas