Le défi de l'alphabétisation des enfants nomades
Regard sur l'éducation des exclus de la société indienne
Cette série photographique illustre les conditions de l’éducation des enfants défavorisés en Inde. Dans ce pays qui compte plusieurs centaines de millions d’enfants, nombreux sont ceux qui n’ont pas accès à l’école publique pourtant obligatoire. Parmi les exclus se trouvent les enfants des bidonvilles, les enfants des familles nomades et les enfants des ceux qui sont considérés comme appartenant aux « castes inférieures ». Même si le système des castes a été officiellement aboli par Indira Gandhi il y a plusieurs décennies, celui-ci perdure de manière informelle. Pour ceux qui sont encore perçus comme des « intouchables », l’accès à l’éducation est compromis.
A Udaipur, au cœur de l’état du Rajasthan, des centaines de familles de nomades survivent dans des conditions précaires dans des bidonvilles installés sur des collines insalubres en périphérie de la ville. Vivant dans des tentes de fortune, ils n’ont ni eau courante, ni électricité et ne bénéficient d’aucun statut de protection. Leurs enfants n’ont pas accès aux écoles publiques de la ville. En réponse à cette carence éducative qui mine la société indienne et participe à la persistance des inégalités sociales dans un pays hanté par le démon de la misère durable et transgénérationnelle, des ONG locales mettent en place des programmes d’alphabétisation. Cette série photographique montre le travail effectué par des ONG indiennes ayant pour objectif de participer à l’alphabétisation d’un groupe d’une trentaine d’enfants de familles nomades du Rajasthan vivant à Udaipur, au Rajasthan.
Tant bien que mal, grâce au travail de ces associations humanitaires aux ressources limitées, ces enfants apprennent à écrire et bénéficient de leçons d’anglais, de mathématiques, de sciences naturelles, d'histoire et géographie ainsi que d'hygiène : dans ces écoles improvisées, on apprend aux enfants à se laver les mains avec du savon. Toutefois, les conditions matérielles de ces enseignements sont rudimentaires. Il n’y a ni chaises ni tables pour les enfants, ni livres de classe. Le matériel est obsolète, et les professeurs bénévoles ne sont pas assez nombreux. Ces ONG locales survivent grâce aux dons de bénévoles indiens et étrangers et ne reçoivent pas de subventions d’Etat. En outre, les nomades se déplacent, et les élèves ne restent parfois que quelques semaines, voire quelques jours, avant de reprendre leur route, sur le chemin de la pauvreté et de la mendicité.
Photographies © Vincent Lecomte / Agence Gamma
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